C'est une culture, une musique et un peuple qui m'ont toujours attiré. L'avantage de l'âge (il faut bien qu'il y ait quelques avantages à prendre de la l'expérience, non?), c'est que maintenant, je peux étudier et faire ce que je veux... Les Tsiganes forment un peuple indo-européen d’origine indienne. Il s’agit des Kshattriyas qui, venus du nord de l’Inde, sont arrivés en Grèce au IXe siècle. Puis, au XIIIe siècle, les Rajputs les ont rejoints.
Ensemble, ils ont formé la Romani Cel – le peuple tsigane – d'où leur surnom de «Romanichels», mais ils se nomment eux-mêmes Romané Chavé, c'est-à-dire «fils de Ram» (héros de l'épopée indienne Ramanaya).
2 Où habitent-ils?
Comme les Tsiganes n’ont pas d’État propre, ils sont dispersés non seulement à travers l’Europe, mais aussi en Amérique (Argentine, Brésil, Colombie, États-Unis). Bien qu’il n’y ait aucun recensement sur leur population on estime leur nombre à environ 80 millions, mais la quasi-totalité des Tsiganes ont perdu l’usage de leur langue ancestrale et se sont assimilés dans leur pays d’accueil.
De façon générale, les Tsiganes pratiquent le nomadisme, ce qui n’est pas sans leur causer des difficultés au plan de l’intégration sociale, car leurs valeurs et leur mode de vie différents les ont toujours soumis aux pressions assimilatrices de la population majoritaire, quel que soit leur pays d'adoption. Du fait de leur grande mobilité et de leur type d’habitat (souvent en caravane), les Tsiganes sont exclus des prestations et de la sécurité sociales, et généralement désavantagés dans les domaines de l’éducation, de l’emploi, de la santé, du logement et de la participation à la vie publique.
3 Quelle langue parlent-ils?
Il est beaucoup plus difficile d'évaluer le nombre des locuteurs de la langue tsigane. En effet, il n'existe pas de statistiques précises à ce sujet, et l'on doit se fier à des approximations. Il en résulte que toute estimation ne peut se révéler que partiale et suspecte. Par exemple, en ne tenant compte que des Tsiganes d'Europe et de l'Amérique, certains linguistes croient que les deux tiers des Tsiganes parleraient encore une forme de leur langue ancestrale, ce qui signifierait huit millions de tsiganophones. Pour sa part, le Summer Institut of Linguistics du Texas évalue le nombre des tsiganophones à 1,5 million de locuteurs. En 1989, l'Union soviétique les estimait à 202 810. Quant à l'Unesco, elle affirmait en 2002 que le tsigane était une langue en danger d'extinction. En somme, on peut croire que la plupart des Tsiganes auraient perdu l’usage de leur langue ancestrale et se seraient assimilés dans leur pays d’accueil.
Quoi qu'il en soit, les tsiganophones habitent surtout la Bosnie-Herzégovine, la Roumanie, la Pologne, la Hongrie, l’Albanie, la Grèce, la Slovaquie, l’Ukraine, le Portugal, l’Espagne, la Norvège, la Suède, la France, les Pays-Bas, l’Italie et l’Allemagne. On distingue le tsigane des Balkans (Pologne), le tsigane des Carpates (République tchèque), le tsigane finnois (Finlande), le tsigane sinté (Serbie), le tsigane gallois (pays de Galles), le tsigane valaque (Roumanie), le tsigane gréco-turc, etc. La langue que parlent les Tsiganes serait à l’image de l’itinéraire de leurs ancêtres: le romani paraît donc différent d’un pays à l’autre, très teinté de particularismes linguistiques, tout en conservant une certaine intercompréhension. On dénombre au moins une quinzaine de variétés de langues tsiganes:
- l'anglo-tsigane (Royaume-Uni),
- le calo-tsigane (Espagne),
- le domari (Iran),
- le lomavren (Arménie),
- le tsigane des Balkans (Serbie),
- le tsigane baltique (Pologne),
- le tsigane des Carpathes (République tchèque),
- le tsigane de Finlande (Finlande),
- le tsigane des Sintes (Serbie),
- le tsigane des Valaques (Roumanie),
- le tsigane gallois (pays de Galles au Royaume-Uni),
- le gréco-tsigane (Grèce),
- le serbo-tsigane (Serbie),
- le tsigane voyageur ou tsigane tatar (Danemark, Norvège et Suède).
Si les locuteurs du tsigane sont peu nombreux (environ 1,5 million de locuteurs), les Tsiganes eux-mêmes sont beaucoup plus nombreux, probablement plus de 10 millions.
La langue romani ou tsigane reste l’unique représentante européenne du groupe indo-iranien appartenant à la famille indo-européenne. Le romani a préservé en grande partie l'héritage des langues de l'Inde du Nord, plus particulièrement le hindi et le rajasthani dont il a en commun 60 % du vocabulaire de base. Enfin, le romani ou tsigane est parfois considéré comme appartenant au sous-groupe indien ou même comme une troisième branche indo-iranienne avec comme seule langue le tsigane. Bien que la langue des Tsiganes puise son origine dans le sanskrit et d'autres langues du nord de l'Inde, elle s'est fragmentée en de multiples variétés dialectales enrichies de termes persans, arméniens, grecs, slaves ou roumains; depuis quelques décennies, des racines anglo-saxonnes ont imprégné le vocabulaire moderne, technique et scientifique. Les variétés tsiganes de l'Europe de l'Est ont conservé la grammaire indienne ainsi qu'un bon fonds lexical d'origine sanskrite. Cependant, les variétés tsiganes de l'Ouest se sont créolisés pour devenir l'anglo-romani (anglicisé), le manouche (germanisé), le sinto italien, le calo (hispanisé), etc. De façon générale, les jeunes générations semblent abandonner progressivement la langue ancestrale, ce qui peut être ressentie comme une perte de l'identité tsigane. Depuis quelque temps, la langue a été dotée d'un alphabet et fait l'objet d'une standardisation.
4 Des surnoms ou des synonymes?
Rom: Le seul nom que les Tsiganes se donnent eux-mêmes, c’est le nom de Rom (masc. sing.) qui signifie «époux». Il emploient aussi Romni (au fém.) et Roma (au pluriel, masc. et fém.). Tous les autres termes servant à identifier les Tsiganes ont été donnés par des non-Rom. Habituellement, le terme de Rom désigne les Tsiganes d’Europe centrale.
Tsigane: Du mot grec athinganos, tsigane signifie «celui qui ne veut pas toucher ni être touché». Le terme sert à désigner les Rom, indistinctement de leur pays d’accueil.
Gitan: À leur arrivée en Grèce au IXe siècle, les Tsiganes se sont regroupés dans le Péloponnèse au pied du mont Gype. Par la suite, les voyageurs italiens appelèrent ce lieu «la petite Égypte» et leurs habitants Egyptiano. Le même mot a donné Gitano en Espagne et au Portugal, puis Gitan en France et Gypsy en Grande-Bretagne. En France, le mot gitan désigne les Tsiganes du Midi vivant près des Saintes-Maries-de-la-Mer.
Bohémien: Les premiers Tsiganes arrivés en France venaient de la Bohême (une région de la République tchèque actuelle), d'où ce surnom.
Manouche: Ce terme d’origine tsigane provient du mot mnouch et signifie «homme». On dit qu’il sert à désigner la moustache (ou bien la barbiche) que porteraient la plupart des Gitans. En France, les Manouches sont généralement installés près des rives de la Loire.
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Source: MALHERBE, Michel. Les langages de l’humanité, Paris, Robert Laffont, coll. "Bouquins", 1995, p.197-198.