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 Néolithique, une lente révolution...

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Skipp
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MessageSujet: Néolithique, une lente révolution...   Néolithique, une lente révolution... EmptyJeu 14 Sep 2006 - 15:08

Bonjour, Razz
Voila un article qui parle de la diffusion de la révolution néolithique... Celle ci ne serait pas survenue de manière brutale mais aurait résulté d'un long processus de maturation.

Citation :
Fouilles au Proche-Orient et expériences en Ardèche révèlent que l'agriculture, apparue au néolithique, n'est pas le fruit d'une «révolution» mais d'un lent processus qui s'est étalé sur plusieurs millénaires.

Par Sylvestre HUET
Libération: Samedi 9 septembre 2006

Berrias-Casteljau (Ardèche) envoyé spécial

D'un geste rapide, Georges Willcox prélève un épi. Le pose sur sa main. L'effleure du doigt. Malgré la douceur du contact, des graines s'en détachent, tombent au sol où elles se fichent. Geste de paysan vérifiant le degré de maturité de son champ avant récolte ? Tout porte à le croire dans ce paysage méditerranéen, au pied des Cévennes ardéchoises, où la vallée abrite champs de céréales, vignes, vergers. Mais cette chute rapide des grains ne dupe que le citadin et mettrait la puce à l'oreille de tout agriculteur habitué à manipuler du blé dont les épillets (la graine et son enveloppe) restent bien accrochés à l'épi, même à maturité. Cette céréale, c'est de l'engrain. Sauvage, originaire du sud-est de la Turquie, où, comme il y a 10 000 ou 20 000 ans, elle pousse dans des steppes semi-désertiques. Et Georges Willcox, qui pourtant récolte à l'aide d'une faucille de bois et de silex , n'a rien d'un paysan.


Archéobotaniste au laboratoire Archéorient (CNRS, université de Lyon), sis à Berrias, dans l'ancienne commanderie templière de Jalès, il s'intéresse à la plus radicale des révolutions humaines : l'invention de l'agriculture.


L'origine de l'Europe

Cette révolution fondatrice, point de départ d'une courbe démographique et technique exponentielle, fascine les préhistoriens. «L'agriculture, dit Georges Willcox, constitue le carburant des civilisations urbaines en Egypte, Mésopotamie, Grèce et Rome. C'est aussi l'origine de l'Europe, puisque l'agriculture, née au Proche-Orient, y est parvenue au terme d'un processus de diffusion.» Quand, où, comment, durant combien de temps, par quelles sortes d'hommes et de femmes ? Ces dernières années, grâce aux fouilles de sauvetage liées à la construction de barrages hydrauliques en Turquie et en Syrie, «d'énormes progrès [ont été réalisés] dans la compréhension de cette période», souligne Danielle Stordeur, archéologue (CNRS) dans l'équipe de Georges Willcox. Les sociétés où s'est inventée l'agriculture ont révélé une richesse (sociale, technique, symbolique) jusqu'alors insoupçonnée.

L'âge du blé a commencé très lentement. Georges Willcox insiste sur la «longue durée» de la cueillette intensive de céréales sauvages, qui plonge dans la préhistoire. «Nous avons des preuves de cueillette qui remontent à près de 20 000 ans.» Surtout, il vient de montrer, grâce à l'aide du chercheur japonais Ken-ichi Tanno, que la «domestication» de l'ancêtre du blé s'est étalée sur 2 000 ans, bien plus lente que ne le pensaient les agronomes (1). Comme le porc, la chèvre ou le chien diffèrent des animaux sauvages dont ils sont issus, les céréales «domestiques» diffèrent de leurs origines sauvages. Résultat d'une sélection génétique sur la manière dont les épillets se comportent à maturité. Dans les populations d'engrain sauvage, explique Willcox, la plupart de épis voient leurs épillets tomber spontanément, dès la maturité. Quelques mutants, en revanche, conservent les leurs bien accrochés. Mais, picorés par les oiseaux ou d'autres animaux, ils n'ont guère l'occasion de se reproduire. La «marque» de la domestication, témoin que l'action de l'homme contrarie la sélection naturelle, se voit lorsque la céréale cultivée conserve ses épillets à maturité.

La sélection des «mutants» commence lorsque l'homme récolte l'engrain sauvage. Puis, petit à petit, en sème près de son logis. Involontairement au début, puis en toute conscience de se procurer une source sûre de nourriture à sa porte, au lieu d'aller la chercher parfois très loin. Le «terroir» préféré de l'engrain n'est en effet pas celui des hommes. Cette céréale à longue tige, jusqu'à 1,7 mètre, avec des épis aux graines impressionnantes, offre des rendements naturels à l'hectare «de plus d'une tonne», estime Willcox. Lourde, sa graine tombe près de la tige, d'où une densité élevée. De quoi nourrir d'abondants troupeaux d'équidés ou d'aurochs. Mais elle ne supporte pas la concurrence des herbes et graminées pérennes. Elle exige un sol «libre», peu couvert par la végétation, donc sec, voire semi-désertique. D'où son absence des sols européens avant que l'homme ne l'y apporte. La sélection a lieu lors de la récolte. Quelle que soit la technique utilisée (faucille en bois et silex ou obsidienne collée au goudron, panier balayant les épis, arrachage à la main), elle tend toujours à favoriser la collecte des épis entiers des mutants.

Willcox a semé et récolté selon les techniques néolithiques près du laboratoire de Berrias. On y trouve engrain, amidonnier (hybride spontané d'engrain et d'ægylops), seigle... Objectif : mesurer le taux de sélection des mutants afin d'estimer le temps de la domestication. Rapide ? Ou lente, rendant le processus imperceptible ? Les agronomes privilégiaient la première hypothèse. Willcox a tranché en faveur de la seconde. Par ses expériences, et grâce à 9 844 épillets carbonisés, recueillis sur six sites syriens et turcs de villages néolithiques datant de 12 000 à 7 500 ans. Méticuleusement examinés et triés au microscope par Ken-ichi Tanno, ils ont révélé l'extrême lenteur du processus. Le site le plus ancien (Qaramel, en Syrie) ne montre aucun épillet domestiqué. Signe d'une longue durée de l'agriculture prédomestication. Puis, la proportion d'épillets domestiqués augmente lentement pour atteindre 30 % entre 10 500 et 9 500 ans, puis dépasser les 50 %.

Des sélectionneurs inconscients

La domestication fut donc imperceptible aux yeux des premiers agriculteurs. Pour le futur blé, comme pour l'orge, le seigle ou les légumineuses, ils furent sélectionneurs inconscients. Et, longtemps, ils ont «cultivé du sauvage» (2). A l'inverse, des figues carbonisées (3), dénichées dans la vallée du Jourdain, datées de 11 300 ans, montrent que des gestes typiques d'une intention agricole (récupération de boutures de figuiers) précèdent la domestication des céréales. Comme on trouve très vite des traces d'agriculture loin des régions d'origine des céréales à Chypre il y a 10 500 ans, alors qu'il fallait traverser la mer, on comprend aussi que sa diffusion a commencé bien avant la domestication... Celle-ci se serait donc effectuée en de nombreux endroits, par des populations différentes, lors d'essais et erreurs nombreux, avec des recours fréquents à la cueillette et à la chasse lorsque les cultures défaillaient.

La longue durée de la domestication éclaire les questions posées par la Révolution néolithique. L'explosion démographique précède-t-elle ou découle-t-elle de l'agriculture ? Quel rôle les évolutions climatiques ont joué dans le recours accru aux céréales ? Quelles relations entretient l'agriculture naissante avec la vie symbolique, religieuse, l'apparition des hiérarchies sociales, l'évolution des villages ? L'image la plus récente que les archéologues s'en font suggère que sédentarisation et augmentation démographique ont précédé la geste agricole. La découverte «grandiose», estime Danielle Stordeur, des stèles monumentales de Göbekli (Sud-Est anatolien), avec gravures d'aurochs et hommes stylisés, pesant plusieurs tonnes et constituant probablement «un site cultuel» il y a 11 000 ans, prouve que, dès l'aube de l'agriculture, les sociétés sont déjà complexes, hiérarchisées, capables de mobiliser des énergies collectives pour des objectifs non liés à la production d'aliments.

Le site de Jerf el-Ahmar (Syrie), aujourd'hui sous les eaux du barrage de Tichrine, a permis aux archéologues de «détailler l'évolution architecturale durant huit siècles, il y a 11 200 à 10 500 ans», se réjouit Danielle Stordeur. Les débuts de l'agriculture, insiste l'archéologue, «coïncident avec un intense mouvement créatif». Le site détaille l'invention de la maison rectangulaire. Aux habitations rondes les plus anciennes, les néolithiques ajoutent un mur de séparation interne, droit, au contact de la paroi. Puis il s'accroche par chaînage au mur extérieur, mais avec un arrondi. Enfin, surgit le mur d'angle en chaînage continu, à l'aide de pierres taillées. Au plan culturel, c'est une «révolution, la nature offre l'exemple du rond, pas de l'angle droit», explique Danielle Stordeur. Les bâtiments communautaires imposants d'abord multi-usages (silos de stockage, lieu de réunion et de culte) puis spécialisés mettent en oeuvre des pierres de trois à quatre cents kilogrammes, tandis que les chaînages entre murs de maisons et de terrasses impliquent conception et réalisation en commun par plusieurs familles.

Vautour et morts sans tête

Curieusement, tous les signes de vie symbolique et religieuse semblent déconnectés de la geste agricole. Les premiers agriculteurs accrochent des bucrânes d'aurochs aux murs, gravent des vautours, des silhouettes d'hommes sans tête et enterrent une jeune fille sans tête sous leur bâtiment communautaire. Toute spéculation est autorisée sur un mythe mêlant morts sans tête et vautours mais invérifiable. Ce décalage entre l'entrée dans l'ère agricole et une vie symbolique dont les représentations font référence au monde sauvage et animal des chasseurs-cueilleurs relance le débat fondateur de l'approche scientifique de cette période : quelles ont été les relations entre les sphères symboliques et matérielles des inventeurs de l'agriculture ? Le schéma simpliste qui fait découler la première de la seconde se heurte aux découvertes archéologiques. Son opposé, qui fait de «l'invention des divinités» comme le proposait Jacques Cauvin, l'un des leaders de l'équipe du CNRS à Jalès la source de celle de l'agriculture, se heurte au silence des objets, à l'impossibilité de faire parler taureaux et vautours, à l'évanescence des rituels et des imaginaires des sociétés sans écriture. Reste le triple acquis des dernières années : l'origine de l'agriculture plonge très loin dans les pratiques des cueilleurs (et cueilleuses) du paléolithique, son invention fut un processus non linéaire et de durée plurimillénaire, les sociétés humaines n'ont pas attendu son achèvement pour se complexifier.

(1) Ken-ichi Tanno et Georges Willcox, «How fast was wild wheat domesticated», Nature du 31 mars 2006.
(2) E. Weiss et al. Science du 16 juin 2006.
(3) M. Kislev et al. Science du 2 juin 2006


Dernière édition par le Jeu 14 Sep 2006 - 15:29, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Néolithique, une lente révolution...   Néolithique, une lente révolution... EmptyJeu 14 Sep 2006 - 15:18

Citation :
«Nous avons des preuves de cueillette qui remontent à près de 20 000 ans.» Surtout, il vient de montrer, grâce à l'aide du chercheur japonais Ken-ichi Tanno, que la «domestication» de l'ancêtre du blé s'est étalée sur 2 000 ans, bien plus lente que ne le pensaient les agronomes
L'on aurait donc ainsi un lent processus de néolithisation... Certains scientifiques soupçonnaient déja cette lente maturation en ayant remarqué que certaines populations de chasseurs-cueilleurs amazoniens plantent ou sément des végétaux afin de les retrouver plus tard au moment lorsque les fruits sont murs. Les migrations sur le territoire de chasse sont ainsi "calculés" pour que l'on revienne au bon moment dans un lieu où des végétaux ont été semés.
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MessageSujet: Re: Néolithique, une lente révolution...   Néolithique, une lente révolution... EmptyVen 15 Sep 2006 - 0:14

c'est vrai que ça semble pratique , simple et logique . rendeer
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MessageSujet: Re: Néolithique, une lente révolution...   Néolithique, une lente révolution... EmptyVen 15 Sep 2006 - 9:12

fifi83 a écrit:
c'est vrai que ça semble pratique , simple et logique . rendeer
La recherche historique avance quand même bien en ce moment je trouve !!! Il y'a de belles découvertes (Jiroft, Kennewick, Homme de Flores) et de beaux reportages... A ce sujet, pour ceux qui s'intéressent aux celtes, je leur recommande l'excellent reportage ARTE: "Sur la trace des Celtes".
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MessageSujet: Re: Néolithique, une lente révolution...   Néolithique, une lente révolution... EmptyMar 24 Juil 2007 - 11:57

Nouvel article (qui date un peu il est vrai) appuyant le fait que la néolithisation s'est faite de façon très progressive:

http://www.futura-sciences.com/fr/sinformer/actualites/news/t/vie-1/d/les-ancetres-des-inventeurs-de-lagriculture-mangeaient-deja-du-pain_4442/
Citation :
Le 10 octobre 2004 à 13h54
Les ancêtres des inventeurs de l'agriculture mangeaient déjà du pain
Rodolphe Leroy - Futura-Sciences

Au paléolithique supérieur, il y a quelque 22 000 ans, des hommes auraient cuit du pain à partir de céréales sauvages.

C'est sur une rive du lac de Tibériade (lac du Nord d'Israël, à la frontière avec la Syrie), qu'une équipe de préhistoriens israéliens et américains a découvert dans le campement paléolithique d'Ohalo, un espace qui semble avoir été réservé à la cuisine. Ce site est généralement submergé par les eaux du lac, ce qui permet aux matériaux organiques de se conserver dans les sédiments humides.
Parmi les éléments du campement, les chercheurs ont découvert de nombreux grains d'orge sauvage (Hordeum spontaneum) et de blé sauvage (Triticum dicoccoïdes). Il s'agit du plus ancien témoignage de l'utilisation de céréales dans l'alimentation humaine.
Plusieurs dizaines de fragments de graines apparentées à l'orge et au blé sauvage ont été retrouvés incrustés sur une pierre de basalte juchée sur des galets qui semble bien avoir servi à moudre ces grains. 505 grains d'orge ont d'ailleurs été retrouvés autour de ce "plan de travail".
Plusieurs ensembles de pierres brûlées recouvertes de cendre ont également été découverts à proximité de la pierre basaltique et s'il s'agit de restes de fours, il n'est pas incongru de penser que ces hommes faisaient cuire une sorte de pain.
La préparation et la consommation du pain seraient donc antérieures d'environ 10 000 ans à l'invention de l'agriculture qui pourrait avoir eu lieu vers 10 000 av. JC dans cette même région*.

(*) L'apparition de l'agriculture est attestée aux environs de 7.700 av J.C. par les restes des premiers champs et la présence de blé amidonnier (donc sélectionné). <br />Vers -10.000, apparaissent les premières maisons (civilisation de Natouf) et on suppose donc que l'agriculture s'est développée entre -10.000 et -7.700.
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cruipee
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cruipee



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MessageSujet: Re: Néolithique, une lente révolution...   Néolithique, une lente révolution... EmptyMar 24 Juil 2007 - 13:57

et j'avais donné ça comme sujet à des étudiants il y a deux ans
"Le Néolithique évolution ou révolution ?"
Et dans mon barème je voulais qu'ils argumentent dans les deux sens (aprés ils pouvaient répondre ce qu'ils voulaient) mais je voulais qu'ils disent
revolution : car gand changement fondamentaux etc...
évolution : car sur du long terme : plusieurs générations

ensuite s'ils répondaient "évolution", il devait reprendre en gros ces arguements là (à peu de chose pré)
s'ils disaient "révolution" : ils devaient choisir une échelle de temp qui soit cohérente, du genre "à l'échelle de la préhistoire, comparé aux autres évolutions..."
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