Bonsoir Skipp,
Derrière ta question, il y a celle de notre étique. Oulala, vaste sujet… Par étique, j’entend en gros : où situe t-on - dans notre échelle de principes de vie – la bienveillance et la maveillance.
Ici, on va tous (je pense… à chacun ses nuances) être d’accord sur :
- penser qu’il faut tout faire pour prévenir ou guérir ces maladies terribles
- ne pas ignorer que tout ce qui relève des recherches en génétique et en clonage est aussi un sujet périlleux faits de “d’accord pour… MAIS”
Et tout tient dans ce “MAIS” en fait… Je grossis l’exemple, mais mettons que si 699 milliards de terriens restent assez sages pour ne pas jouer avec la bombe nucléaire, bien qu’ils l’aient en leur possession, il suffirait d’1 seul pour appuyer sur le bouton et tout faire sauter.
Le respect du “MAIS” repose sur la nature humaine dans ce qu’elle a de plus faillible : sa psychologie (état mental + facteurs types orientation éducative, cultures, milieux, influences… bref chemin de vie) et donc l’opinion qu’il se fait ou pas de l’étique. Ca fait beaucoup de paramètres pour assurer que le “MAIS” sera respecté par tous.
Depuis que progrès il y a, ce “MAIS” a toujours été présent et pas toujours respecté. Ainsi en vont les progrès de la recherche, de tout temps, repoussant sans cesse les limites du “MAIS”…
On peut partir du principe que l’homme, dans ce qui le définit, a toujours cherché à contrer la nature lorsque celle-ci lui posait problème. La Médecine n’en est un exemple, mais c’est le sujet que nous évoquons là.
Avant de donner mon avis donc, je partirais du constat suivant :
1 - D’un côté, il y a des lois naturelles qui nous sont insupportables : la maladie et le handicap entre autres.
Et de fait, nous ne sommes pas 7 milliards depuis si longtemps. La nature préserve le plus fort : le malade (d’un simple rhume qui tourne mal à la ‘femmelle’ qui meurt dans d’atroces souffrances dès sa première couche) ou l’handicapé n’étaient pas censés s’en sortir à la base.
Ce principe est intolérable de nos jours. C’étaient les thérories d’Hitler d’éliminer (outre les juifs) les malades, les vieux et les handicapés pour ne garder que des humains en ‘bonne santé physique et mentale’ selon ses paramètres.
Pour nous donc, combattre la nature sur ces terrains-là pour sauver ou apaiser des vies humaines est une question d’étique.
2- D’un autre côté, il y a nos pratiques pour combattre la nature sur ces terrains-là. Et là aussi, c’est une question d’étique. On en est à un point clé : passer de ‘concevoir naturellement de l’humain’ à ‘fabriquer de l’humain et le modifier”. Greffer un pancréas de porc sur Raymond pour sauver la vie de Raymond… comme on peut le faire aujourdh’ui, est-ce bien loin de notre sujet ?.
Les questions d’étique varient avec les périodes de l’histoire. Peut-être considèrera-t-on dans quelques siècles que le clonage est parfaitement normal et maîtrisé… je ne sais pas. Ca me paraît en tout cas impensable aujourd'hui, ça fait froid dans le dos.
Ce que je peux dire au fond, c’est que c’est aussi un sujet de réflexion plus large sur la nature profonde de notre évolution en tant “qu’espèce pensante”.
Et ma foi, l’autre argument qu’on peut rétorquer c’est qu’on fait… avec les moyens du bord !!! J’entends par là : les moyens que la nature a mis à notre disposition. C’est de tout temps notre mythe de l’apprenti sorcier !
Qu’on parte des premiers éléments contenus dans les étoiles à tout ce qui est à notre portée, on ne fabrique qu’avec ce qui est déjà existant. Tout n’est qu’alliance d’éléments, de particules soumises à des réactions physiques et chimiques par chauffe ou refroidissement. La vie est chimique et mécanique.
Aujourd’hui, on ne fait pas que des puzzles ‘mécaniques’, on fait des puzzles avec des gènes. On ne cherche pas qu’à ‘réparer’ ce que la nature a ‘mal fait’, on cherche aussi à créer ce qu’elle n’a pas encore créé. On explore tout un ‘champ des possibles”…
et je pense que c’est inexorable. Il y a des “MAIS” qui disparaîtront dans les quelques siècles à venir… avec d’autres ‘mentalités collectives’ que les nôtres, parce qu’ils auront vécu d’autres choses, d’autres découvertes petit à petit admises.
Finalement, la nature élimine ‘naturellement’ ses “monstres” et l’homme, pour la combattre, a l’air d’être conduit (peut-être bientôt d’ailleurs…) à en créer d’autres.