Skipp Admin
| Sujet: La Larvothérapie... ou comment se soigner grâce aux asticots Mar 28 Mar 2006 - 22:54 | |
| Bonjour, On entend parler quelques fois... Voici donc quelques infos sur cette technique fort ancienne qui revient au "goût"du jour: Voici un article tiré du site de la Société Française et Francophone des plaies et cicatrisations: http://www.sffpc.org/index.php?action=abstract&id=123&evenement=20&pg=connaiss_abstract - Citation :
- Larvothérapie
A. DOMPMARTIN, P. TOUSSAINT
La larvothérapie est l'emploi de la procréation naturelle des mouches, les asticots, à des fins thérapeutiques. L'infestation d'un tel milieu par les vers est appelée myiase. Leur statut juridique récent est celui de médicament. Jusqu'au début du XXème siècle, de nombreux résultats favorables de myiases accidentelles ont été observés et ont conduit à la larvothérapie. L'apparition des antibiotiques après la seconde guerre mondiale a entraîné une diminution de son utilisation. L'augmentation de la résistance bactérienne et les propriétés cicatrisantes des larves ont suscité un nouvel intérêt pour ce traitement. Les asticots sont des larves avec un corps mou, sans tête et sans membre, complètement différents de la forme adulte de mouches. Leur alimentation se fait en libérant une solution protéolytique qui digère l'aliment à l'extérieur du corps. L'aliment digéré est alors réabsorbé dans le tube digestif. L'élevage de certaines espèces de mouches telles les Lucilia sericata permet d'obtenir des asticots utilisables dans le traitement des plaies. Le risque de gangrène gazeuse ou de tétanos a démontré la nécessité de stériliser les asticots sans les tuer. Dans un laboratoire une méthode de stérilisation professionnelle des oeufs est effectuée en les immergeant dans une solution contenant du chlorure de Mercure, de l'alcool et de l'acide chlorhydrique. Après éclosion, les asticots seront nourris par une source alimentaire stérile. Les asticots se nourrissent des tissus nécrosés de la plaie avec une action protéolytique, ils ont une action bactéricide et stimulent la cicatrisation en augmentant le PH local. Compte tenu de leur action, les plaies chroniques comme les ulcères artérioveineux ou veineux ainsi que les plaies diabétiques constituent l'indication principale de ce traitement. Le premier obstacle de l'utilisation d'asticots dans les pays latins est avant tout psychologique. Un nouveau pansement permettant l'utilisation des asticots a donc été mis au point. C'est le Biobag dérivé de PVA Polyvinyl Alcool. Les malades ne sentent pas les asticots et ne les ont jamais vus. En retirant le Biobag, les asticots sont détruits facilement par n'importe quel désinfectant versé sur le pansement, dans un sac plastique fermé ou dans un congélateur. Ces pansements permettent aux asticots d'exercer leur action au travers de la membrane polyvinyle alcool. L'efficacité clinique de la larvothérapie est spectaculaire sur le débridement et l'éradication des germes en particulier les BMR et les auteurs vous feront part de leur expérience clinique. Néanmoins, des études cliniques et scientifiques sur l'action des larves doivent être proposées pour démontrer cette efficacité et une étude double aveugle PHRC démarre au CHU de Caen. Et un autre article: http://www.essentialdrugs.org/emed/archive/200401/msg00037.php - Citation :
- Bulletin d' INFORMATION du MEDICAMENT
et de PHARMACOVIGILANCE
CRIM Rennes - CRIM Rennes - CRIM MARS - AVRIL 96 N° 64 CRIM Rennes - CRIM Rennes ISSN N° 1169 - 8772 LES ASTICOTS DANS LA DETERSION DES PLAIES
L'intérêt des asticots dans la détersion des plaies est connu depuis l'antiquité. Plus récemment Baer, dans les années 20, mena la première étude clinique chez 89 patients souffrant d'ostéomyélite chronique (1). Il rapporte un taux de succès de 90 %, alors qu'à cette époque, le taux de mortalité des fractures ouvertes des membres inférieurs est de 75 %. Ce succès a été rendu possible par l'utilisation d'une méthode de stérilisation des asticots qu'il avait alors développée, afin d'éviter la croissance de germes contaminants et particulièrement anaérobies.
Les espèces de mouches bleues les plus souvent utilisées pour l'obtention des asticots sont Lucilia illustris, Lucilia sericata et Phormia regina. Le "National Institute of Health" des U.S.A. décrit une méthode de culture et de préparation des insectes (3). Les oeufs sont recueillis sur des morceaux de viande de cheval, lavés trois fois à l'eau puis trois fois par une solution de soude au 1/50. Une solution nutritive est obtenue en dissolvant 250 mg de cholestérol dans du chlorure de méthylène. Puis 52,5 g de caséine, 2,25 g de "celluflour", 1,5 g d'oléate de sodium, 1,5 g de RNA, 3 g de sels de WESSON et 10 g de gélose sont rajoutés. La solution obtenue est évaporée puis reconstituée avec 495 ml d'eau et 5 ml de soude normale. Celle-ci est passée à l'autoclave pendant 15 minutes puis refroidie dans de la glace. Les oeufs sont ensuite mis à incuber à 25° C dans une atmosphère chargée à 85 % d'humidité pendant 4 à 5 jours.
200 à 600 asticots sont placés dans la plaie, puis recouverts par un pansement. On considère que ceux-ci vont consommer 10 à 15 g de tissu nécrotique par jour (3). Compte tenu de leur cycle de développement, toute application est limitée à 72 heures. Plusieurs mécanismes pourraient expliquer l'activité des asticots (2, 3, 4). En raison de leur présence dans la plaie, ils entraînent une irritation conduisant à une sécrétion d'exsudat. Cet exsudat diminuerait le nombre de bactéries par un effet mécanique identique à celui observé lors du rinçage d'une plaie. Le constant mouvement des asticots pourrait aussi promouvoir directement la granulation. Les asticots sécrètent aussi de nombreuses substances qui stimulent la cicatrisation (ammoniac, carbonate de calcium, agents antibactériens) ou qui dégradent les tissus nécrotiques (enzymes protéolytiques). Enfin, ils agiraient aussi par ingestion des bactéries et des tissus nécrotiques.
Les principaux inconvénients à l'utilisation des asticots sont un prurit local intense et surtout d'ordre esthétique. Le prurit peut être partiellement contrôlé par des sédatifs. Il est bien plus difficile de faire accepter aux patients et au personnel soignant la présence d'asticots, d'autant plus que ceux-ci peuvent s'échapper de la plaie et ramper sur les lits ou les sols des chambres !
Aujourd'hui, le développement de l'antibiothérapie a rendu obsolète l'emploi des asticots dans la détersion des plaies. Néanmoins, ceux-ci peu-vent s'avérer efficaces dans la prise en charge de plaies où les techniques modernes sont inadaptées. Patrick ZAMPARUTTI
REFERENCES 1 - BAER W. J Bone Joint Surg 1931 ; 13 : 438. 2 - HORN K. Arch Otolaryngol 1976 ; 102 : 377-9. 3 - Micromedex Inc 1995, vol 86. 4 - Reames M et coll. Ann Plast Surg 1988 ; 21 (4) : 388-91. | |
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