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 Le tracteur, espèce en voie d'extinction

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Skipp
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Skipp



Le tracteur, espèce en voie d'extinction Empty
MessageSujet: Le tracteur, espèce en voie d'extinction   Le tracteur, espèce en voie d'extinction EmptyDim 6 Juil 2008 - 1:35

Bonjour, Razz

L'augmentation du coût du pétrol commence à faire revenir les agriculteurs de nombreux pays aux animaux de traits...:think:

http://www.lemonde.fr/economie/article/2008/07/05/le-tracteur-espece-en-voie-d-extinction_1066799_3234.html?xtor=RSS-3208
Citation :
Le tracteur, espèce en voie d'extinction
LE MONDE | 05.07.08

NEW DELHI CORRESPONDANCE



Son vieux tracteur ne lui sert plus qu'à écouter des chansons d'amour au moment de la sieste. Hukma Ram, un agriculteur qui possède 35 hectares de terres, a bien dû se rendre à l'évidence depuis que le vendeur de bidons d'essence, situé à 25 kilomètres de chez lui, a augmenté ses prix : rouler en tracteur est devenu un luxe. Il a finalement redécouvert un autre moyen de transport, plus économique, qui peut charger jusqu'à 250 kg de marchandises, avance à une vitesse moyenne de 30 km/h, ne tombe jamais en panne et, surtout, ne consomme pas d'essence.


"Le chameau est l'avenir du tracteur", glisse-t-il, avec un large sourire entre ses oreilles percées de boucles d'or. Sur les routes qui traversent les paysages désertiques du Rajasthan, les chameaux n'ont jamais été aussi nombreux à tirer, sous un soleil de plomb, des charrettes transportant des bidons d'eau, des villageois ou encore du matériel agricole. "C'est plus lent mais ça ne consomme que de l'eau et des feuilles d'arbustes", marmonne Hukma Ram.

Depuis la hausse du prix de l'essence, les vacances des chameaux sont terminées. Ils ne sont plus autorisés à paître en liberté, comme c'était l'usage à cette période de l'année, et ont droit à seulement quelques jours de répit pendant la mousson. "Nous ne disposons que de très peu de temps pour mettre les semences en terre. Le tracteur devient alors indispensable", explique Hukma Ram. Le reste de l'année, le véhicule reste au garage, protégé du sable dans une cahute de bois. Les paysans ne sont pas prêts à s'en séparer. "Même si un propriétaire de tracteur achète des chameaux, il reste avant tout un propriétaire de tracteur", prévient Hukma Ram. L'animal n'est pas encore devenu un signe extérieur de richesse, mais cela ne saurait tarder. Il est devenu rare, et son prix ne cesse d'augmenter.

A la foire de Pushkar, la plus importante du pays, qui a lieu tous les hivers dans un village du Rajasthan, un chameau se vend en moyenne 300 euros, soit cinq fois plus qu'il y a quatre ans. Désormais, la clientèle vient de loin, notamment des grandes villes, car le chameau est capable de passer des dunes de sable au bitume sans sourciller. "Il sait gérer la circulation tout en restant serein. On le conduit comme une voiture. Un coup à droite pour accélérer, et un coup à gauche pour freiner", assure Hukma Singh, un vendeur.

Le chameau est le seul moyen de transport qui offre un retour sur investissement aussi rapide. Avec une charrette qui ne coûte que 500 euros, la mise de départ est raisonnable. "Il y a tellement d'embouteillages en ville que ça ne sert plus à rien de s'acheter une petite camionnette pour aller plus vite", insiste Hukma Singh.


PRÉSERVER LES CHAMEAUX

L'immatriculation des chameaux est devenue une précaution d'usage depuis que les vols se sont répandus. Sur les fesses gauches de ses cinq bêtes, Hukma Ram a tatoué au fer rouge le symbole de son village. Seuls les mâles, réputés pour leur endurance, peuvent travailler. Les femelles, elles, élèvent leur progéniture. La tâche est d'autant plus précieuse que la population des chameaux a diminué de moitié au cours des dix dernières années. Ils ne seraient plus que 450 000 aujourd'hui, d'après les chiffres du gouvernement indien.

"La politique d'irrigation menée par le gouvernement a considérablement réduit les surfaces de pâturage au profit des surfaces cultivées", explique Hanwant Singh, responsable de l'ONG Lokhit Pashu-Palak Sansthan, qui lutte pour la préservation des chameaux. Les animaux sont également les victimes des exercices militaires menés par l'armée indienne. Le désert du Thar se situe à la frontière entre le Pakistan et l'Inde, et à quelques kilomètres de Pokhran, le lieu utilisé par l'Inde pour ses essais nucléaires. "Au moindre accident, le chameau meurt faute de soins vétérinaires", déplore Hanwant Singh.

Depuis que le tracteur a fait son apparition sur les routes du Rajasthan, le métier d'éleveur, transmis de génération en génération, a vu son image se dégrader. Dorénavant, les éleveurs, qui profitent de la hausse des prix du chameau, veulent à tout prix investir dans l'éducation de leurs enfants. "Je veux que mes garçons aillent à l'école pour qu'ils aient une vie différente de la mienne. Je ne souhaite pas qu'ils passent leur existence loin de la famille, à manger du pain et à boire du lait de chamelle", avoue Pradeep Ram, le visage buriné par le soleil.

Mais, pour assurer un avenir à ses enfants, encore faut-il placer son argent en sécurité. Faute d'agences bancaires dans le désert, les éleveurs n'ont pas d'autre choix que conserver leurs économies au fond d'une armoire. "Ce qui n'est pas sans risque", soupire Pradeep Ram, dépité. Les souris lui ont fait perdre l'équivalent de la moitié d'un chameau en grignotant ses billets pendant la nuit.

Le succès du "nouveau tracteur du désert", capable d'avancer sans essence, cause bien des soucis aux concessionnaires de la région. "Les terres sont transmises à plusieurs héritiers, ce qui conduit à un morcellement des surfaces cultivées. Quand on a si peu de terrain, il est difficile d'acheter un tracteur", analyse Sudeep Aggarwal, un vendeur de tracteurs basé à Jaisalmer. Sur un tableau noir, les chiffres inscrits à la craie sont plusieurs fois barrés, avant d'aboutir au prix final. Les tracteurs sont vendus au rabais.

Les premiers agriculteurs, qui sous-estimaient le coût d'entretien de la machine, reviennent au bout de trois ou quatre mois pour le revendre. Sudeep Aggarwal pense donc à se diversifier. "Mais le patron est réticent, car vendre des animaux pourrait nuire à la réputation de l'établissement", regrette-t-il en passant la main sur son front noirci par le cambouis. Tout juste est-il parvenu à lui faire accepter de vendre des étuis en peau de chameau pour protéger les essuie-glaces du sable. Puis, après un moment de silence, il finit par admettre que "Ford ou Massey Ferguson auraient sans doute du mal à accepter que l'on mette en concurrence leurs tracteurs avec des chameaux".
Julien Bouissou

Article paru dans l'édition du 06.07.08.

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